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SAVITRI

« Sri Aurobindo explique dans une lettre
le symbolisme de son poème épique, Savitri. La
légende de Satyavane et de Savitri est présentée
dans le Mahabharata comme une histoire d'un amour conjugal conquérant
la mort. Mais ainsi que l'indiquent de nombreux détails, cette
légende est, sous l'anecdote humaine, l'un des nombreux mythes
symboliques du cycle védique. Satyavane est l'âme qui porte
en elle la divine vérité d'être, mais est descendue
dans les serres de la mort et de l'ignorance ; Savitri est le Verbe Divin,
la fille du Soleil, la déesse de la suprême Vérité
qui descend et naît pour sauver ; Ashwapati, le Seigneur du Cheval,
son père humain, est le Seigneur de la Tapasya, l'énergie
concentrée de l'effort spirituel qui nous aide à nous élever
des plans mortels aux plans immortels ; Dyumatsena, les Seigneur des Armées
de Lumière, père de Satyavane, est le Mental Divin frappé
ici de cécité, perdant son royaume céleste de gloire.
Toutefois, il ne s'agit pas seulement d'une allégorie, les personnages
ne sont pas des qualités personnifiées, mais des incarnations
ou des émanations de Forces vivantes et conscientes avec lesquelles
nous pouvons concrètement entrer en contact et qui revêtent
des corps humains pour aider l'homme et lui montrer le chemin qui va de
son état mortel à une conscience divine et une vie immortelle.
« La naissance de Savitri est une bénédiction
accordée par la Déesse suprême au Roi Aswapati, le
yogi qui cherche le moyen de délivrer le monde de l'Ignorance.
Le poème s'ouvre avec l'Aube ; Savitri, ce
puissant cur silencieux
s'éveille le jour du destin, le jour où Satyavane doit mourir.
C'était l'heure avant l'éveil
des Dieux.
« Je ne vais pas gâcher l'appétit
du lecteur avec des citations trop longues, mais j'espère bien
le lui ouvrir ! il n'y a pas beaucoup d'action extérieure, ce disant,
tout est un mouvement intérieur. À travers le Yoga du roi
Aswapati, à travers les pays intérieurs où Savitri
s'aventure, Sri Aurobindo décrit ses propres expériences
de mondes inexplorés ; au fil des années, il fond et refond
sa création poétique une douzaine de fois au moins ! Parce
qu'il souhaitait exprimer avec précision dans ce poème quelque
chose de vu, de senti ou d'expérimenté
Sri Aurobindo y ouvre pour nous un vaste espace de vie spirituelle, et
nous montre les richesses illimitées et innombrables qui sont cachées
et ignorées. La
porte qui était fermée à tous, sauf quelques-uns,
peut s'ouvrir ; le royaume de l'Esprit peut être établi non
seulement dans l'être intérieur de l'homme, mais dans sa
vie et dans ses uvres.
Savitri traverse un monde intérieur après l'autre, en suivant
le Dieu de la Mort qui emporte Satyavane et essaie de la persuader de
retourner dans le monde des mortels, de renoncer à Satyavane. En
vain. Savitri repousse tout ce que la Mort lui offre pour la tenter ;
elle ne se laisse pas non plus impressionner par ses terribles menaces.
Finalement, c'est la Mort qui doit abdiquer, et c'est le dénouement
! Savitri regagne la Terre avec un Satyavane vivant. Les lecteurs de l'Agenda
de Mère savent avec quelle intensité Mère suivait
le dialogue entre Savitri et la Mort ! »
Extrait des Chroniques de Mère,
Tome 4
Mirra et Sri Aurobindo, de Sujata Nahar
Éditions Buchet-Chastel

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